Langelot et la voyante by X Lieutenant

Langelot et la voyante by X Lieutenant

Auteur:X, Lieutenant [X, Lieutenant]
La langue: fra
Format: epub
Tags: jeunesse, aventure
ISBN: 2010018915
Éditeur: Hachette
Publié: 1975-08-11T22:00:00+00:00


VIII

MADAME CYGNE ouvrit elle-même la porte. Il y avait un contraste amusant entre sa robe de soie noire, son maquillage d’« idole », et son ton cassant.

« Vous voilà ? Bon. Et votre Guayaquil, vous l’avez encore perdu ?

— M. Guayaquil se présentera le moment venu », répondit Mélisande.

Les deux paires d’yeux verts – ceux de Mme Cygne comme des billes d’agate, ceux de Mlle Croydon comme des lacs ombragés – se heurtèrent. Mme Cygne passa dans le salon qui avait repris son apparence de l’après-midi : l’encens fumait dans une cassolette ; une légère musique flottait dans l’air ; le siamois naturalisé dormait dans son fauteuil ; le bureau avait disparu.

« Alors, demanda Mme Cygne, ça consiste en quoi, votre expérience ?

— Nous en avons plusieurs à votre disposition, madame. Pour commencer, si vous voulez bien me donner une phrase, ou une série de chiffres sur lesquels je concentrerai ma pensée, M. Guayaquil, qui n’est pas loin, essaiera de les deviner.

— Ça m’étonnerait que ça marche, dit la voyante. Enfin, essayons. »

Elle dévisagea sans aménité la mince jeune fille qui aurait vraiment eu l’air d’une fée échappée de quelque Brocéliande, n’était le clip moderne en forme de brin de muguet qu’elle portait épinglé à sa robe vert d’eau, et sa grosse montre bracelet de style sportif.

Elles s’assirent face à face, de part et d’autre de la table-miroir.

« Voici votre phrase, dit Mme Cygne. Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures.

— Je vois, madame, que vous ne nous prenez pas au sérieux. Vous avez tort. M. Guayaquil est un être très susceptible, et toute méfiance de votre part risque de faire manquer l’expérience.

— Voilà qui ne m’étonnerait pas du tout », fit la voyante.

La petite fée s’assit dans sa pose de prédilection : les coudes sur les genoux, les poignets réunis, le menton entre les paumes, et elle ferma les yeux. Deux ou trois minutes s’écoulèrent. Mme Cygne commençait à donner des signes d’impatience. Le téléphone sonna.

« Madame, dit Mélisande, vous feriez mieux de répondre : c’est sûrement M. Guayaquil qui a perçu ma pensée.

— Et qui nous appelle au téléphone ?

— Oui, madame, pour vous montrer qu’il n’y a eu aucun contact direct entre lui et moi. »

La voyante renifla et alla répondre.

« Allô ? fit-elle dans le combiné.

— Señora Cygne ! prononça une voix lente et méthodique, avec un fort accent espagnol. Qué vous devriez avoir appris à ne jamais vous moquer de télépathes véritables. Qué comme vous dites fort bien, les plaisanteries les plus courtes sont les moins longues. »

Et Guayaquil raccrocha. Mme Cygne rentra dans le salon, l’air perplexe.

« Il ne se prend pas pour rien, votre Guayaquil, dit-elle. Essayons encore une fois. Et d’abord, voyons s’il est véritablement espagnol. Voici votre phrase : Mambrù se fué a la guerra, Qué dolor, qué dolor, qué pena. Allez-y, ma petite : reprenez votre pose décorative, et voyons un peu comment vous procédez. »

Mélisande, avec un air de patience angélique, reprit sa pose. Mme Cygne voulut allumer



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.